Conférence |
Économie |
Séminaire en sciences sociales |
Mercredi, 11 septembre, 2019 - 18:00 |
Université européenne de Saint-Pétersbourg - 6/1, rue Gagarinskaïa, salle 429
À Saint-Pétersbourg, dans le cadre du cycle de séminaires en sciences sociales, Laurence Fontaine (CNRS) interviendra sur le thème : « "The Moral Economy". Debates around Charity and Taxes in France at the End of the 18th Century » (« L'économie morale. Débats autour de la charité et de l'impôt dans la France du 18e siècle »).
Spécialiste de l’histoire de l’Europe préindustrielle, Laurence Fontaine a le goût de l’archive et de l’anecdote exemplaire aussi bien que la passion des allers-retours explicatifs entre hier et aujourd’hui. Ses ouvrages L’Économie morale (2008) et Le Marché. Histoire et usages d’une conquête sociale (2014) ont paru dans la collection « NRF Essais » aux prestigieuses Éditions Gallimard et été bien reçu par la presse française de la Libération au Figaro.
Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, confronté au chômage, aux crises alimentaires et à la multiplication des vagabonds et des mendiants le gouvernement s’est tourné vers la société civile pour trouver des solutions. C’est dans ce contexte qu’en 1777, la nouvelle Académie de Châlons-sur-Marne a mis en place un concours ayant pour objet des réflexions sur « les moyens de détruire la mendicité en rendant les mendiants utiles à l’État sans les rendre malheureux ». Ce concours a été le mieux réussi du siècle comme l’attestent 126 mémoires recueillis par rapport aux deux ou trois douzaines au maximum habituellement reçus dans le cadre d’autres concours.
Cette présentation se concentrera sur la façon dont les auteurs planifiaient de financer leurs projets et montrera comment ils ont proposé plusieurs solutions allant de la charité à l’imposition. Elle insistera sur le fait que la charité et les impôts sont deux modes de financement radicalement opposées, la charité étant une donation faite librement au moment choisi par le donateur et à la personne ou à l’intermédiaire de son choix, tandis que les impôts sont des prélèvements obligatoires qui sont déduits à des dates fixées par les autorités et dont l’utilisation n’est pas observable.
Il s’agira ainsi d’étudier ce que la charité signifiait à cette époque-là, comment certains auteurs après avoir stigmatisé la subversion des valeurs ont proposé de réformer la façon dont les gens la pratiquaient, tandis que les autres en sont venus à refuser la charité au nom d’un nouveau paradigme politique : l’égalité entre tous les citoyens. Il s’agira de montrer comment ce groupe d’auteurs planifiait d’utiliser l’imposition pour punir l’Église et les privilégiés et transformer le pays.
Intervention en anglais sans traduction.