Nouvelles éditions

Consulter les nouveaux ouvrages dans la Bibliothèque du CEFR

Vu que la mission du CEFR est de promouvoir et favoriser les échanges entre la France et la Russie, la Bibliothèque cherche de suivre les nouvelles recherches et publications dans tous les domaines des sciences humaines et sociales. Ainsi chaque année les lecteurs peuvent consulter plus des 100 nouvelles éditions dans la Bibliothèque

 

 Les nouvelles editions 2021 - 2022 

 

 

           Le rêve grec de monsieur de Choiseul : les voyages d'un Européen des Lumières de Frédéric Barbier

Gabriel de Choiseul est l'homme d'un rêve, le rêve de l'Antiquité grecque. En 1776, il s'embarque pour un long voyage qui le conduit de la Grèce aux rives du Bosphore et qu'il restituera dans un extraordinaire ouvrage, le Voyage pittoresque de la Grèce. Frédéric Barbier nous convie à suivre ce périple, riche en découvertes et en rencontres inattendues ; il nous montre comment cet aristocrate des Lumières fut amené à découvrir une autre civilisation, celle d'un Empire ottoman alors sur le déclin, et se passionna pour l'indépendance de la Grèce, trente ans avant Byron. Les pérégrinations qui mènent Choiseul de Constantinople jusqu'à Saint-Pétersbourg illustrent de manière exemplaire le destin d'un grand seigneur libéral, spectateur des transformations majeures qui marquent la fin du XVIIIIe siècle. Sans cesse à la frontière de deux mondes, entre Ancien Régime et Empire autant qu'entre Occident et Orient, le comte de Choiseul nous a légué sa vision très actuelle d'une Europe en train de se construire, qui trouve en notre époque de troublantes résonances.

 

 

 

Savant cherche refuge : comment les grands noms de la science ont survécu à la Seconde guerre mondiale
de Sébastien Balibar

 

 

Paris, 1937. Laszlo Tisza, jeune savant hongrois, se réfugie à Paris et y rencontre un autre réfugié, Fritz London qui, lui, fuyait l'Allemagne. Ensemble, ils découvrent que la toute nouvelle physique quantique explique l'étrange comportement d'un liquide très froid, l'hélium « superfluide ». Pourtant, la situation est peu propice à la réflexion : bien qu'accueillis par des physiciens célèbres comme Jean Perrin et les Joliot-Curie, ils doivent affronter l'antisémitisme qui les avait contraints à fuir le nazisme. En 1939, la guerre les fait s'exiler à nouveau, cette fois aux États-Unis où ils retrouvent d'autres savants réfugiés. Avec Tisza et London comme guides, Sébastien Balibar nous fait découvrir l'histoire haletante de la fuite des savants juifs devant le nazisme. Il nous fait rencontrer les Hongrois qui aidèrent Einstein à prévenir Roosevelt d'un danger imminent : l'Allemagne nazie envisageait l'arme nucléaire. Et l'on comprend comment de nombreux savants réfugiés, voulant aider leur pays d'accueil, ont réussi ce que l'Allemagne nazie n'a pas pu faire parce qu'elle avait fait fuir ses savants : construire la bombe atomique qui bouleversa l'équilibre mondial. Sébastien Balibar est physicien, directeur de recherches à l'École normale supérieure (Paris) et membre de l'Académie des sciences. Il fait partie aussi du comité du Programme d'aide en urgence aux scientifiques étrangers (PAUSE).

 

 

 

     L'asile et l'exil : une histoire de la distinction réfugiés-migrants de Karen Akoka

 

La distinction entre réfugiés politiques et migrants économiques s’est aujourd’hui imposée comme une évidence, tout comme la hiérarchie qui légitime l’accueil des réfugiés au détriment des migrants. Ce livre montre que ces définitions en disent plus long sur les États qui les appliquent que sur les individus qu’elles sont censées désigner. Car il n’existe pas de réfugié en soi que les institutions pourraient identifier pour peu qu’elles soient indépendantes ou en aient les moyens. La catégorie de réfugié se reconfigure en réalité sans cesse, au fil du temps, au gré des changements de rapports de force et de priorités politiques. Plutôt que d’analyser les parcours des exilés pour déterminer s’il s’agit de réfugiés ou de migrants, cet ouvrage dissèque l’institution qui les nomme : l’Office français de protection des réfugiés et des apatrides (Ofpra), depuis sa création en 1952. Il établit que la chute du taux de reconnaissance du statut de réfugié est moins liée à la transformation des profils des requérants, à l’obsolescence de la Convention de Genève ou à une perte d’indépendance de l’Ofpra qu’à un changement de subordination. Alors que, pendant la guerre froide, l’assujettissement du droit d’asile aux politiques diplomatiques et le besoin de main-d’oeuvre favorisaient un taux élevé d’accords, son instrumentalisation par les politiques migratoires, dans le contexte de la construction de l’immigration comme problème, entraîne un taux élevé de rejets. En s’intéressant aux acteurs du droit d’asile, à leurs profils et à leurs pratiques les plus quotidiennes, cette sociohistoire, par le bas, des politiques d’asile en France apporte une contribution nouvelle à l’analyse du pouvoir d’État en actes à l’égard des étrangers. 

 

 

 

                                                   Une ville neuve en URSS : Togliatti de Fabien Bellat

 

 

Sur les rives de la Volga, au cœur de la Russie, Togliatti apparaît comme une des plus ambitieuses créations de ville ex novo de la seconde moitié du xxe siècle. Construction d’un colossal barrage hydroélectrique par les prisonniers du Goulag, puis de l’usine automobile Avtovaz (constructeur de la marque Lada) en coopération avec les ingénieurs Fiat, réalisation accélérée d’un nouveau centre urbain entièrement préfabriqué : cité surgie de terre dans l’improvisation permanente, Togliatti tient du laboratoire des méthodes soviétiques — faisant d’un territoire vierge un vaste site de production industrielle et d’installation urbaine. Signé en 1967 par Boris Roubanenko, le plan directeur fut également la réponse de l’urss au projet de Le Corbusier pour Saint-Dié, ainsi qu’à l’œuvre d’Oscar Niemeyer à Brasilia. Impact du pouvoir sur la fabrique urbaine, systèmes de construction russes, biographies d’architectes et d’ingénieurs dont le destin est marqué par la consécration ou au contraire la disgrâce au gré des changements de dirigeants : l’exploration des archives a permis de reconstituer la manière dont le régime soviétique, sous Staline, Khrouchtchev et Brejnev, entendait créer un monde nouveau. Entre réminiscences de l’esprit novateur constructiviste, triomphalisme stalinien classicisant, et architecture de masse de l’ère brejnévienne, Togliatti apporte un vif éclairage sur des pans aussi méconnus que significatifs de l’histoire architecturale du xxe siècle. 

 

 

 

       Le prolétariat ne se promène pas nu : Moscou en projets d'Elisabeth Essaian

 

Dans quelle mesure la production architecturale et urbaine de la Russie soviétique rompt-elle avec les formes, les idées et les pratiques de la Russie tsariste ' Comment les bouleversements politiques, sociaux, économiques et juridiques se sont-ils traduits dans la définition des nouveaux modes de vie et d'occupation du territoire ' Jusqu'où les orientations stylistiques du réalisme socialiste se sont-elles substituées aux positions des avant-gardes des années vingt ' Quel rôle les urbanistes, les architectes et les autorités sont-ils joués dans cette vision renouvelée de la ville avec les divers arbitrages qui en ont résulté ' Le présent ouvrage, qui a pour objet central l'étude du Plan général de reconstruction de Moscou de 1935, propose de nuancer l'histoire urbaine soviétique écrite à travers l'unique prisme de la verticalité du pouvoir. Il met en évidence les nombreuses permanences, matérielles, idéelles et humaines, ainsi que les approches pragmatiques du projet de la part des décideurs, en premier lieu Staline et Kaganovitch. Servie par une riche iconographie, cette analyse, au-delà du cas moscovite, met en lumière comment les architectes et les urbanistes se positionnent, créent et innovent, dans et malgré un contexte de contrôle absolu 

 

 

             

                    Les mondes de l'esclavage : une histoire comparée de Paulin Ismard, Benedetta Rossi etc

 

Ouvrage publié avec le concours du Centre National du Livre, avec le soutien de l'Institut Universitaire de France, de l'université Paris 1 Panthéon Sorbonne et de la fondation pour la mémoire de l'esclavage
Cet ouvrage d'une ambition exceptionnelle présente sous une forme accessible à un large public une histoire inédite de l'esclavage depuis la Préhistoire jusqu'au présent. Il paraît vingt ans après le vote de la loi Taubira, alors que la prise de conscience du passé esclavagiste est chaque jour plus aiguisée au sein de la société française. L'histoire de l'esclavage, trop longtemps tenue pour une forme de passé subalterne, est ici replacée au coeur de l¹histoire mondiale. Le livre renouvelle une approche comparée dans l'étude du phénomène esclavagiste, qui conduit le lecteur de l¹Inde ancienne aux Antilles du xviiie siècle, de la Chine des Han jusqu'au Brésil colonial, de l'Egypte médiévale à l'Ouganda contemporain. Loin de banaliser la singularité monstrueuse de l'esclavage colonial issu de la traite transatlantique, la comparaison contribue à l'éclairer. Ce livre fait donc le pari de la connaissance et de la réflexion, convaincu que le savoir historique offre des ressources critiques qui ont le pouvoir d¹émanciper. Le parti pris du monde et la perspective comparatiste qui sont la sienne souhaitent enrichir les scènes et les figures depuis lesquelles relire notre histoire, mais aussi, espérons-le, tracer des chemins vers d¹autres futurs possibles
 
 

 

Le détail : pour une histoire rapprochée de la peinture de Daniel Arasse 

 

 

Saint Luc peignant la Vierge (Martin Van Heemskerck, vers 1532). Daniel Arasse ouvre, avec cette úuvre emblématique, l'un de ses textes fondamentaux. Par cette mise en abyme, il nous propose un programme qui va bien au-delà d¹une simple « histoire du détail ». C'est à une relecture en profondeur de l'histoire de la peinture occidentale, à l'aune du détail, qu'il se livre ici avec brio. Qu'il soit inopinément ou peu à peu découvert, identifié, scruté, isolé, voire découpé de son ensemble, le détail offre en effet une toute autre manière de voir et d¹appréhender la peinture. Grâce à cette histoire rapprochée des pratiques du pinceau et du regard, un champ nouveau se dessine. Dès lors, ce sont les traditionnelles catégories de l¹histoire de l'art, établies « de loin », qui sont remises en question. Sans que jamais l'érudition ne prenne le pas sur le plaisir et les  fêtes de l'oeuil

 

 

 

Les sites de la mémoire russe t. 1. de Georges Nivat 

 

 

Voici une histoire de la civilisation russe non événementielle et non historiographique, qui n'est pas non plus un recueil d'essais sur des sujets sociologiques ou anthropologiques. Elle s'inscrit dans la suite des Lieux de mémoire en France conçus par Pierre Nora il y a vingt ans et qui ont passablement renouvelé l'approche des objets historiques, en particulier en examinant le fonctionnement des lieux et institutions commémoratifs et fondateurs des mémoires nationale, sociale, professionnelle. En Russie, où la réforme des recherches historiennes ne fait que commencer, l'historiographie russe reste encore dominée par les grandes problématiques de l'opposition Occident/Russie, ou encore slavophiles/occidentalistes, c'est-à-dire toujours idéologisée. L'ouvrage est conçu comme une reconstruction du fonctionnement de la mémoire russe par liens entre tous les éléments qui la constituent ' cet usus de la vie russe que Roman Jakobson a défini comme la chose commune aux Russes, plus commune que le territoire, mouvant et immense, ou que les institutions, sujettes à effondrements. Le premier de ses trois tomes tente de répertorier la « géographie » de la mémoire russe : d'abord le paysage, mémorisé par tout Russe, canonisé par la peinture de la seconde moitié du XIXe siècle, les différents types de villes, bourgs, villages et hameaux qui hiérarchisent l'espace russe d'une façon beaucoup plus différenciée qu'en Occident, les musées et grands monastères, les jardins, les nécropoles, et leur rôle social encore bien vivant, les lieux d'enseignement séculier et religieux, le théâtre également, qui fut aux XIXe et XXe siècles une institution presque égale à la religion, et enfin les lieux «emportés» avec soi par l'émigration, en elle-même lieu de mémoire et moteur actuel du renouvellement de la mémoire russe depuis son « rapatriement ». Sans équivalent à ce jour, cet ouvrage devrait enrichir considérablement l'appréhension d'une grande civilisation qui n'en finit pas d'intriguer ses voisins immédiats ou lointains, ses amis comme ses ennemis, faute d'une connaissance approchée.

 

 

 

Entre Hitler et Staline : Russes blancs et Soviétiques en Europe durant la Seconde Guerre mondiale
                                                                               de Nikolaj Ross

 

A la veille de la Seconde Guerre mondiale, l'émigration russe en Europe, bien que peu homogène, était rassemblée par le rejet du bolchevisme et la nostalgie de son pays perdu après La révolution et la guerre civile. Le déclenchement du conflit allait constituer une très rude épreuve et le dilemme sera incarné par l'attitude à adopter dans la guerre. Qui soutenir ' Oui combattre ' Ainsi, les Russes d'Europe se retrouveront écartelés entre une double tentation : d'un côté Hitler et sa promesse d'anéantir le régime bolchevique, de l'autre Staline, qui faisait figure de défenseur de la Russie, poussant certains Russes blancs à combattre aux côtés de leurs compatriotes soviétiques, autrefois leurs ennemis. Les réponses à ces questions furent rarement motivées par un engagement politique. Jamais simples ou univoques, elles sont allées depuis l'engagement dans la Résistance et le soutien à l'Armée rouge jusqu'au combat contre le bolchevisme aux côtés de l'armée allemande. Pour tous les camps, l'histoire s'est terminée dans la désillusion et la tragédie. Beaucoup de ceux qui étaient partis combattre les bolcheviks ont été livrés par les Alliés à Staline. Ils furent exécutés ou condamnés au Goulag. Les Russes résistants ne virent guère les choses évoluer en URSS dans le sens espéré. Nicolas Ross analyse ce panorama dans toute sa complexité, en se basant sur des archives peu explorées auparavant, et sur de nombreux témoignages directs de certains acteurs de ces événements